Pourquoi changer le liquide de refroidissement ?
Souvent négligé, le liquide de refroidissement joue pourtant un rôle vital dans le bon fonctionnement de votre moteur. Il ne s’agit pas simplement d’eau colorée circulant sous le capot : c’est un véritable gardien thermique qui protège votre moteur du chaud comme du froid. Il évite la surchauffe, prévient la corrosion des composants internes et empêche le gel lors des basses températures.
Avec le temps, ce fluide perd en efficacité, s’acidifie et peut même attaquer votre circuit de refroidissement. Un remplacement régulier — tous les 2 à 4 ans selon les préconisations constructeur — est donc essentiel. Et bonne nouvelle : c’est une opération que tout passionné ou automobiliste avisé peut réaliser sans trop de difficulté.
Ce dont vous aurez besoin
Avant de vous lancer, assurez-vous de réunir le bon matériel. Voici ce qu’il vous faut :
- Un bidon de liquide de refroidissement adapté à votre véhicule (vérifiez le manuel constructeur pour connaître la bonne norme : G11, G12, G13…)
- Un bac de récupération des liquides usagés
- Un entonnoir (pour éviter d’en mettre partout)
- Une paire de gants et des lunettes de protection
- Un cric et des chandelles si l’accès à la purge est difficile
- Un peu de patience… et de rigueur !
Et bien sûr, il ne faut pas oublier le bon vieux chiffon à portée de main. Parce que oui, même les soigneux font des gouttes !
Avant de commencer : attention à la sécurité
On ne le répétera jamais assez : ne travaillez jamais sur un moteur chaud. Le liquide de refroidissement peut atteindre les 90°C en fonctionnement. Une ouverture prématurée du bouchon de vase d’expansion pourrait se transformer en geyser bouillant. Attendez au moins une heure après l’arrêt du moteur pour laisser le temps au circuit de refroidir complètement.
Positionnez également votre voiture sur un sol plat et stable, coupez le contact, et tirez le frein à main. Si vous devez accéder au dessous du véhicule, utilisez obligatoirement des chandelles robustes. La sécurité n’est pas une option.
Localiser le circuit de refroidissement
Le liquide de refroidissement circule principalement entre le radiateur, le moteur, la pompe à eau et le vase d’expansion (ou bocal). Ce dernier est généralement visible dès l’ouverture du capot : translucide et avec un bouchon vissé affichant souvent un pictogramme en forme de thermomètre.
La purge quant à elle s’effectue généralement au niveau du radiateur – en bas de celui-ci – ou parfois directement sur une durite via une vis. Sur certains exemplaires, les constructeurs ajoutent une vis de purge en haut du moteur ou du radiateur pour faciliter l’élimination de l’air après remplissage.
Étape par étape : vidanger le liquide usagé
On entre dans le vif du sujet. Voici le protocole à suivre :
- Placez le bac de récupération sous le radiateur ou la durite de vidange. Celle-ci se situe en général sur la partie inférieure du radiateur, côté conducteur.
- Dévissez délicatement le bouchon du vase d’expansion pour libérer la pression du circuit. Cela facilitera l’écoulement.
- Ouvrez la vis ou débranchez la durite de vidange (attention, ça coule vite !) et laissez le liquide s’évacuer complètement.
- Une fois le circuit vidé, inspectez l’ancien liquide : une couleur trouble, rouille ou des dépôts sont signes que le remplacement était vraiment devenu urgent.
- Revissez la vis de vidange ou rebranchez la durite. Assurez-vous qu’il n’y a aucune fuite.
Un petit conseil d’ami : ne jetez jamais le liquide usagé dans l’évier ou la nature. Emportez-le dans un centre de collecte ou une déchèterie. C’est toxique, et ça ne fait pas bon ménage avec les nappes phréatiques…
Remplir le circuit avec du liquide neuf
Il est temps de redonner vie au cœur thermorégulé de votre voiture. Munissez-vous de votre entonnoir, placez-le dans le vase d’expansion, et versez lentement le liquide de refroidissement neuf jusqu’au niveau indiqué (« MIN/MAX » en général).
Certains véhicules nécessitent de suivre une procédure de purge spécifique pour éliminer l’air piégé dans le circuit. C’est capital : des bulles d’air peuvent former une poche qui compromet la bonne circulation du fluide, avec à la clé… une surchauffe moteur. Vérifiez dans le carnet d’utilisation s’il y a une vis de purge à ouvrir ou une méthode particulière (moteur tournant, chauffage enclenché à fond, etc.).
- Démarrez le moteur, mettez le chauffage au maximum et laissez tourner quelques minutes au ralenti.
- Surveillez le niveau dans le vase. Il peut baisser légèrement au fur et à mesure que l’air s’évacue.
- Ajoutez du liquide si besoin, jusqu’à stabilisation.
Vous entendrez peut-être des glouglous ou percevrez des petites variations de régime moteur. Rien d’inquiétant : c’est le système qui retrouve son équilibre.
Les signes d’un remplissage réussi
Une fois l’opération terminée et le moteur refroidi à nouveau, vérifiez que :
- Le niveau de liquide reste stable (ni fuites au sol, ni baisse inexpliquée dans le vase)
- Le chauffage de l’habitacle fonctionne normalement
- La température moteur reste constante, même dans les bouchons
Roulez quelques dizaines de kilomètres, surveillez les voyants au tableau de bord et vérifiez régulièrement le niveau dans les jours suivants. Si tout se passe bien, votre moteur vous remerciera… silencieusement, mais sûrement.
Une anecdote de passionné
Je me souviens d’une Clio 1.2 que j’avais récupérée pour trois fois rien. L’ancien propriétaire pensait que le joint de culasse était fichu à cause de surchauffes à répétition. En réalité ? Un liquide de refroidissement aussi vieux que la salle d’attente d’un contrôle technique. Après une bonne vidange et un rinçage complet, elle a retrouvé une seconde jeunesse. Comme quoi, parfois, ce sont les petites opérations qui font les plus grandes différences.
Astuce bonus : bien choisir son liquide de refroidissement
Il en existe plusieurs types sur le marché, et ce n’est pas simplement une histoire de couleur :
- G11 (bleu/vert) : adapté aux véhicules anciens, il offre une protection de base mais vieillit assez vite.
- G12/G12+ (rose/violet) : à base organique, il protège mieux contre la corrosion et tient plus longtemps.
- G13 (violet clair) : plus écologique, contient du glycérol, et offre un excellent rendement thermique.
Fiez-vous toujours à ce que recommande le constructeur. Un mauvais mélange (ou pire : deux types incompatibles) peut provoquer la formation de boues et endommager sérieusement votre circuit.
Et si vous devez purger plus souvent que prévu ?
Si vous remarquez que le niveau descend régulièrement ou que vous devez refaire l’appoint trop souvent, ce n’est pas bon signe. Cela peut indiquer :
- Une fuite dans le radiateur ou une durite poreuse
- Un joint de culasse en train de faiblir
- Un vase d’expansion fissuré ou bouché
N’hésitez pas à contrôler si vous repérez des flaques sous la voiture ou de la mayonnaise sur le bouchon d’huile — un mix affreux et révélateur de soucis internes. À ce moment-là, peut-être vaut-il mieux confier la belle à un professionnel plutôt que de jouer les alchimistes malheureux.
Changer le liquide de refroidissement n’a rien de très sorcier, à condition de suivre chaque étape avec méthode et attention. Ce petit geste d’entretien peut faire durer votre moteur plus longtemps, éviter les réparations coûteuses et vous rapprocher un peu plus de ce lien presque intime qu’on tisse avec sa voiture lorsqu’on met, soi-même, les mains sous le capot.
Et entre nous, il y a quelque chose de magique dans ce moment où, moteur tournant, vous voyez le nouveau liquide circuler, limpide comme une promesse de fiabilité retrouvée. Voilà aussi ce qui fait vibrer l’âme d’un véritable automobiliste.